Histoire

Histoire de l’art marocain : les tendances de la peinture 

«Les tendances de la peinture contemporaine Marocaine» est le titre d’un ouvrage qui vient de paraître aux éditions Publiday-Multimédia-Casablanca.
Il s’agit d’un Beau Livre, réalisé par l’écrivain et critique d’art Moulim El Aroussi qui a remonté le temps pour l’exploration d’une histoire fabuleuse racontée avec amour. Le style narratif sans surcharge, rythmé et précis, incite le lecteur à lire cet ouvrage, d’un trait comme on lit un beau roman.
Décliné en chapitres, le livre est présenté comme un «acte d’abnégation, qui montre, explique, démontre et fait le montage de l’histoire de l’art au Maroc».
L’auteur constate que la scène artistique continue de vivre une certaine schizophrénie: une pratique très avancée à côté d’un discours passéiste presque traditionnaire.
Dès lors, il scrute les horizons de l’art pictural en interrogeant l’histoire reculée et récente et en revisitant l’état de l’iconographie au Maroc avant les années cinquante.
Dans le chapitre intitulé «Les sources de la peinture au Maroc», Moulim El Aroussi met en relief les référents culturels, psychologiques, sociaux, religieux et intellectuels qui concourent à former l’imaginaire de l’artiste-peintre marocain. La production artistique contemporaine et ses tendances est passée au peigne fin : les représentants de la tendance onirique, ceux qui se sont inspirés du patrimoine marocain et ceux ayant pratiqué la peinture pour elle-même.
L’auteur fait peu de cas du «couple figuratif/abstrait» à cause, précise-t-il, de «son inadéquation avec la situation marocaine». Pour lui, le Maroc, grand paysage pour la peinture occidentale, n’a pas pour autant produit beaucoup d’artistes figuratifs. Cette problématique est traité dans un chapitre à part intitulé «De la représentation».
Pour Moulim El Aroussi, c’est la tendance peinture-peinture qui a prévalu au Maroc. «Les grands ténors ont eu des adeptes qui ont essayé de se démarquer de la syntaxe des maîtres après l’avoir comprise et s’engager dans la voix de l’universel», écrit-il. On ne trouve chez eux aucune préoccupation identitaire, aucun attachement au grand discours. «Du ludique» est l’intitulé donné à leur démarche traité dans un chapitre portant le même intitulé.
L’auteur a marqué bon nombre d’arrêts sur des destins de peintres tels Moulay Ahmed Drissi, un peintre naîf authentique, la naissance des Ecoles des beaux arts de Tétouan et de Casablanca et sur les premiers artistes formés après l’indépendance.
Riche en analyses, bien ressourcé, l’ouvrage livre, en outre, une foultitude d’informations sur les peintres orientalistes, leurs itinéraires en quête vers l’absolu, leur relation avec la lumière du Maghreb pays du couchant, avec sa couleur dont Delacroix dira «La couleur est poussée à sa limite, non point vers le clair, mais toujours vers l’obscur».
Sur un autre registre, l’auteur expose combien la pratique artistique marocaine est ancrée dans la mouvance internationale, invitant au passage les historiens à sonder «le revirement» de la peinture marocaine après un bon départ avec notamment comme points d’appui la rencontre internationale des Artistes de Rabat et la 2e exposition de la Peinture Contemporaine Marocaine à Madrid, en 1965, où les peintres marocains participant ont été mondialement consacrés.
Le livre reproduit une riche iconographie comprenant des gravures, des enluminures inédites, des miniatures, certaines exécutées au Maroc vers le XIIIe siècle. Y figurent également des dessins de Ben Allal révélant ainsi une autre facette de ce peintre naîf. Une place de choix a été consacrée à l’imagerie populaire véhiculée par les fêtes traditionnelles comme l’Achoura et Taghounja, aux tatouages, aux tapis, aux fibules et à la poterie ainsi qu’à différentes traductions en icônes de toutes mythologies bibliques et coraniques, leurs Saints et héros.
«Les Tendances de la Peinture Marocaine» est aussi un hommage aux orientalistes les français Delacroix et Mathieu, l’Uruguayen Joachim Garcia Torres, les espagnols Miro, Tapiés et à d’autres dont la production picturale a été marquée par le Maroc, sa lumière et ses couleurs.
Moulim El Aroussi est un enseignant-chercheur qui s’est distingué notamment par ses recherches dans les domaines de l’esthétique et de l’art. Il est également romancier.
Parmi ses écrits «Esthétiques et art islamique» et «Madarij Allayla Al Maououda», roman en deux tomes inspiré du soufisme d’Ibn Arabi.

Laisser un commentaire